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De Louis Vuitton à Chanel, les polémiques répétées d’appropriation culturelle dans la mode

Pour les Roumains, pas de doute : cette blouse blanche brodée de motifs noirs, pièce de Louis Vuitton issue de la collection printemps-été 2024 LV by The Pool, est la copie conforme de celle portée dans les villages de Mărginimea Sibiului, en Transylvanie. Cette imitation est révélée par le collectif La Blouse roumaine sur sa page Facebook, le 2 juin, un post partagé des milliers de fois jusqu’à faire la une de la presse du pays. La ministre de la culture roumaine, Raluca Turcan, a même contacté la marque du groupe LVMH, tandis que des politiciens ont saisi la Commission européenne afin de faire reconnaître le « patrimoine culturel » de ce vêtement typique.
En novembre 2020, Isabel Marant se fait réprimander par le gouvernement mexicain, qui lui reproche d’avoir reproduit des motifs de la communauté autochtone des Purépechas dans sa collection Etoile automne-hiver 2020-2021. « Sur quels fondements privatisez-vous un bien collectif, en utilisant des éléments culturels dont l’origine est pleinement documentée ? », lui demande la ministre de la culture mexicaine, Alejandra Frausto Guerrero, dans une lettre publique. Très vite, la créatrice française présente ses excuses. Elle avait pourtant déjà été épinglée en 2015, après avoir repris des motifs de blouses traditionnelles de l’Etat d’Oaxaca, au Mexique.
Le dastar, turban porté par les sikhs, est un symbole important pour cette communauté religieuse de plus de vingt millions de fidèles originaire d’Inde. C’est pourquoi quand Gucci met en vente un turban bleu roi à 790 dollars (730 euros) sur le site de la chaîne de magasins Nordstrom, la toile finit par s’enflammer. « Ce turban n’est pas un accessoire pour faire de l’argent », tweete l’organisation The Sikh Coalition, installée aux Etats-Unis. D’autres personnes accusent la griffe italienne de profiter du « même look » pour lequel les sikhs, eux, sont discri­minés. Silence radio du côté de la marque.
Hommage raté. Pour sa dixième édition, en décembre 2013, le défilé des Métiers d’art de Chanel a lieu à Dallas, au Texas. L’apparition de deux mannequins portant des coiffes à plumes blanches choque les communautés de natifs américains. La militante Sasha Houston Brown, de la tribu santee sioux du Nebraska, les qualifie de « caricatures offensantes » alors que ces coiffes « sont des objets sacrés utilisés par les chefs de tribu lors de cérémonies religieuses ». Chanel se défend, arguant que cette collection élaborée par Karl Lagerfeld était une « célébration » de la beauté du Texas et de son riche artisanat.
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